Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2025

Le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2025, qui se tient du 30 janvier au 2 février 2025, a une fois de plus transformé la ville en un véritable sanctuaire pour les amateurs du neuvième art.

Dès mon arrivée, j’ai été frappé par l’effervescence qui régnait dans les rues pavées, où se mêlaient passionnés, artistes et curieux venus des quatre coins du globe. Après quarante ans de participation à ce festival, je constate avec joie que la passion du public reste toujours aussi vive, témoignant de l’attrait intemporel du neuvième art.

La Bulle New York : un creuset de créativité engagée

Ma première escale fut la Bulle New York, un espace dédié aux éditeurs indépendants du monde entier. Là, j’ai découvert des œuvres aux papiers somptueux et aux encrages d’une précision remarquable.
Des éditeurs de toutes les cultures, venus des quatre coins du globe : du Chili à la Suisse en passant par l’Indonésie. On y présente des BDs abordant des thématiques variées : des mouvements punk, engagés, militants, solarpunk, le tout avec des tonalités d’expression et une diversité rafraîchissante. Des récits mettent en lumière les luttes des classes, la quête de paix mondiale ou encore des reportages illustrés sur les survivants de conflits, avec une attention particulière à la mémoire des déshérités et aux conséquences pour les populations civiles.

Ce qui m’a particulièrement touché dans cette bulle, c’est l’authenticité des rencontres. Loin des grands panneaux publicitaires et de la frénésie autour des dernières sorties grand public, ici, les échanges étaient directs et sincères. J’ai pu discuter avec des auteurs passionnés, obtenir des dédicaces improvisées sur un coin de table, sans file d’attente interminable ni mise en scène de la rareté. Depuis une trentaine d’années, cet espace reste le cœur battant d’Angoulême, un lieu où la passion pour la bande dessinée se vit pleinement.

L'exposition dédiée à Superman: Le héro aux 1000 vies

A la Cité de la BD, j’ai pris une véritable claque visuelle. Le soin apporté aux détails, les textes percutants et la sélection d’œuvres de qualité en faisaient l’une des expositions les plus marquantes que j’ai vues depuis des années, peut-être même depuis celle consacrée à Bilal il y a deux décennies. À la fin du parcours, une boutique proposait des BD emblématiques du super-héros et j’avoue, j’ai fais quelques craquages…

Le marché de la BD et ses trésors cachés

En me dirigeant vers la bulle du marché, j’ai retrouvé l’ambiance familière des stands où amateurs et collectionneurs se côtoient. Les planches originales étaient exposées, chacune racontant une histoire unique. Cette année, l’Hôtel Drouot, spécialiste du marché de l’art, présentait une exposition impressionnante, avec une vente aux enchères prévue le samedi à 15h. Les prix des planches variaient, rendant l’art accessible à tous, du simple amateur au collectionneur averti. Flâner parmi ces trésors, c’était comme plonger dans une malle aux souvenirs, chaque bac révélant des pépites oubliées.

La Cité de la BD et ses expositions fascinantes

Le CNBDI offrait également son lot de découvertes. Au premier étage, la BDthèque reste la caverne d’Ali Baba pour tout amateur de bande dessinée. On pouvait y lire et emprunter une multitude d’ouvrages dans un cadre cosy et confortable, idéal pour une pause lecture. Une exposition retraçait le parcours pour devenir mangaka, avec des liens étroits avec l’industrie du jeu vidéo. Une autre mettait en lumière le phénomène des webtoons coréens, de leurs débuts numériques à leur popularisation mondiale.

Plongée dans le musée de la bande dessinée...

Les jeunes talents de la BD et l'art du conte

L’espace jeunesse, situé près du musée du papier, était un véritable vivier de talents en herbe. Les œuvres du concours de bande dessinée, classées par âge, révélaient des artistes prometteurs venus de toute la France. Une exposition sur l’art du conte explorait les thèmes des monstres, de la peur et des avertissements transmis aux générations futures, offrant une réflexion profonde sur le rôle des histoires dans notre culture.

Un hommage à la BD et à la science-fiction

Au musée de la bande dessinée, l’exposition Marvel se distinguait par sa présentation soignée et sa structure chronologique par décennie. Riche en anecdotes, elle ravivait la flamme des fans tout en éduquant les novices. Non loin de là, une exposition spatio-temporelle rendait hommage à la contribution de la bande dessinée à la science-fiction, avec un design et une présentation captiva

Le Monde des Bulles : un temple du consumérisme

Monde des Bulles les editeurs classiques

Place du Champ de Mars, on retrouve Le Monde des Bulles, où se regroupent les éditeurs les plus institutionnels. Ceux qui remplissent les rayons de nos libraires et des FNAC toute l’année : Delcourt, Soleil, Panini, Glénat, Casterman, Dargaud… C’est la bulle qui sent le consumérisme à plein nez, où les visiteurs sont plus avides d’acheter que de découvrir. Des hordes de vendeurs de BD dédicacés se mêlent aux vrais fans en quête de signatures, faisant face à des box d’auteurs qui rappellent furieusement l’élevage intensif.

Vous l’aurez compris, c’est le seul endroit du festival que j’aime éviter. Parfois, perdu dans le flot de la foule, on aperçoit furtivement une illustratrice ou un scénariste, mais ici, le cœur du festival ne bat pas vraiment. Pourtant, il faut bien que le festival soit un peu rentable… Mais franchement, je m’interroge : quel intérêt ai-je à revenir dans cette bulle l’an prochain ?

Angoulême 2025, c'est aussi une multitude d'événements et d'expositions

En marge des grandes bulles officielles, le festival propose également une myriade d’expositions, qu’elles soient en in ou en off. Cette année, on mettait en avant les nouvelles autrices de l’avant-garde espagnole avec Constellation Graphique. On avait aussi L’exposition de Julie Birmant Les Herbes Folles, une plongée dans l’hyper BD, ainsi que de nombreuses rencontres avec des auteurs et des interviews en direct, micro diffusé.

Le quartier manga était comme toujours au rendez-vous, attirant les fans des plumes les plus fines, de la Chine au Japon en passant par l’Indonésie. Et si jamais on songeait à s’ennuyer une seule seconde, il restait toujours l’option de faire un tour au Mégaplex de cinéma de la ville, où une programmation spéciale attend les festivaliers.

En marge des grandes bulles officielles, le festival propose également une myriade d’expositions, qu’elles soient en in ou en off. Cette année, on pouvait notamment découvrir VinLand Saga, une immersion dans un univers narratif unique, ou encore L’Atelier des Sorciers de Kamome Shirahama, une ode à la magie et à la minutie du trait.

L’une des expositions les plus attendues était celle de Gou Tanabe x H.P. Lovecraft : vision hallucinée. Sur le papier, une rencontre entre l’univers du maître de l’horreur cosmique et un artiste contemporain semblait prometteuse… mais spoiler alert : j’y suis allé, et j’ai trouvé ça pas ouf. Malgré des visuels intrigants, l’ensemble manquait de cohérence et de profondeur, peinant à restituer l’essence lovecraftienne ou à nous immerger dans les bulles.

Bilan d'un Bédéphile heureux

En quittant Angoulême, je ne pouvais m’empêcher de repenser à ces moments de partage, aux découvertes inattendues et aux rencontres enrichissantes. Le festival, une fois de plus, avait tenu ses promesses, célébrant la bande dessinée sous toutes ses formes et rappelant à chacun pourquoi ce médium est si précieux.

© 2025 – Article et photo par Florent Chevalier.

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