Plongeons dans la confrontation entre le Superman dirigé par James Gunn et les précédentes incarnations cinématographiques. On comparera les influences comme All‑Star Superman et les choix narratifs des autres réalisateur : Donner, Singer et Snyder.

Héritage reboot et références vérifiables
En 2025, le Superman de James Gunn s’annonce comme une étape charnière : non seulement un reboot cinématographique majeur, mais aussi la première brique officielle du nouveau DCU, baptisé “Chapter One: Gods and Monsters”. Le titre du film est sobrement **Superman (2025)**, et il réintroduit l’Homme d’Acier en incarnant un point de départ assumé après plusieurs tentatives de continuité. Le casting, déjà très commenté sur les réseaux geeks, met en avant David Corenswet dans le rôle de Clark Kent, Rachel Brosnahan en Lois Lane, ainsi que Nicholas Hoult en Lex Luthor. On sait par ailleurs que Gunn a explicitement cité l’influence du comics culte All‑Star Superman de Grant Morrison et Frank Quitely (2005‑2008), une œuvre centrée sur l’humanité intime de Superman autant que sur sa dimension mythologique.
Comparer ce projet à la réinvention de 2013 permet de mesurer l’écart : **Man of Steel** (2013), réalisé par **Zack Snyder** avec Henry Cavill, amorçait un ton sombre, gravé dans une esthétique quasi biblique. Cette version a servi de socle au DCEU jusqu’à **Justice League** (2017), avant que des tensions créatives et des échecs critiques/financiers n’interrompent la continuité, laissant Superman orphelin de nouvel horizon. À l’inverse, Gunn, en cumulant casquette de scénariste et réalisateur, repositionne le personnage sur une ligne plus lumineuse et humaniste, tout en amorçant directement un univers partagé planifié.
- 1978 : **Superman** de Richard Donner – lancement d’un mythe fondateur.
- 2006 : **Superman Returns** de Bryan Singer – tentative de nostalgie et continuité indirecte.
- 2013 : **Man of Steel** de Zack Snyder – reboot sombre, début du DCEU.
- 2025 : **Superman** de James Gunn – reboot DCU, ton humaniste, première pierre du Chapter One.
Le contraste le plus frappant réside dans la trajectoire historique elle-même : là où Snyder voulait bâtir une fresque tragique qui croise figures antiques et dystopiques, Gunn semble viser une combinaison entre optimisme classique et modernité. Pour les fans, ce “Superman James Gunn” ou “Superman 2025” incarne non seulement un nouveau départ, mais aussi une volonté de réaffirmer que le personnage peut survivre à chaque ère en se réinventant. Le pari est audacieux : relancer l’Homme d’Acier après plusieurs reboots, en réintégrant ses racines mythiques dans une stratégie d’univers partagé — le fameux “reboot DCU”.
Ton esthétique et palette narrative
Le choix esthétique de James Gunn pour son Superman 2025 se distingue d’abord par une recherche d’équilibre entre modernité et chaleur lumineuse. Là où Zack Snyder baignait son Man of Steel (2013) dans une palette gris-bleue froide, proche d’un filtre métallique et d’une imagerie quasi biblique, Gunn privilégie des couleurs franches et saturées, renouant avec la clarté des comics tout en restant cinématographique. On pense immédiatement aux couvertures de All‑Star Superman de Grant Morrison et Frank Quitely : des ciels éclatants, un Superman souriant, lumineux, qui irradie plus qu’il n’écrase. Ce choix s’oppose directement à la révérence nostalgique de Bryan Singer dans Superman Returns (2006), qui reprenait la texture visuelle des années 70 avec des filtres dorés et un rythme presque contemplatif. Enfin, si l’on évoque la fresque héroïque de Richard Donner (1978), il faut rappeler son ton quasi mythologique : cadrages larges, John Williams comme chœur antique, et une sincérité qui transformait Superman en figure messianique.
Chez Gunn, l’humour joue aussi un rôle structurant. Pas du sarcasme meta façon Marvel, mais un humour complice et tendre, qui désamorce le solennel sans désacraliser le personnage. On imagine déjà les bureaux du Daily Planet filmés avec légèreté, où les punchlines de Lois jaillissent dans le cadre, contrastant avec la solitude majestueuse de la Fortress of Solitude. Cet aller-retour entre gravité et proximité ajoute une dimension plus humaine, moins écrasante que le traitement de Snyder. Le spectateur geek y trouve un plaisir particulier : repérer l’hommage visuel au storyboard d’une splash page de Quitely, ou la précision des couleurs primaires qui évoquent l’âge d’or des comics.
Comparativement, la grille se dessine ainsi :
- Donner 1978 : Ton héroïque et mythique – Palette lumineuse mais douce – Action sobre – Humour naïf
- Singer 2006 : Ton mélancolique – Palette sépia nostalgique – Action rare – Humour discret et référentiel
- Snyder 2013 : Ton sombre et grave – Palette froide, désaturée – Action massive et chorégraphiée – Humour quasi absent
- Gunn 2025 : Ton chaleureux et sincère – Palette saturée, inspirée comics – Action dynamique mais lisible – Humour tendre, complice
C’est donc dans ce contraste assumé, entre la monumentalité des versions passées et une approche plus accessible sans concession visuelle, que le cinéma de Gunn renouvelle l’identité du Kryptonien.
Personnages casting et archétypes héroïques
Dans la lignée des précédentes incarnations de Superman, l’arrivée de David Corenswet sous la direction de James Gunn s’inscrit dans une véritable tradition de visages, de styles et d’archétypes héroïques. Chaque interprète de Clark Kent a marqué son époque : Christopher Reeve (Superman, 1978, Richard Donner) portait une aura de paladin lumineux, alliant courage candide et grande humanité. Brandon Routh (Superman Returns, 2006, Bryan Singer) prolongeait cet héritage avec une mélancolie douce, un Superman presque spectral, hanté par l’ombre de son prédécesseur. Avec Henry Cavill (Man of Steel, 2013, Zack Snyder), la donne changeait : Clark devenait plus stoïque, plus tourmenté, proche d’un gardien taciturne, tiraillé entre fardeau mythologique et soif d’acceptation. Corenswet, annoncé comme portant un mélange de charme classique et de vulnérabilité moderne, semblerait renouer avec la générosité de Reeve tout en intégrant la profondeur émotionnelle des lectures contemporaines comme All‑Star Superman.
Quant à Lois Lane, ses incarnations reflètent l’évolution du rôle féminin : Margot Kidder avec son énergie frondeuse et quasi screwball, Kate Bosworth plus intériorisée et maternelle, Amy Adams en enquêtrice mature et terre-à-terre. Avec Rachel Brosnahan, on peut s’attendre à une Lois vive, incisive, en phase avec une dynamique de couple égalitaire, bien plus partenaire qu’objet narratif.
Lex Luthor constitue l’autre pivot. Gene Hackman en 1978 l’interprétait comme un escroc flamboyant, davantage manipulateur gourmand que stratège de l’ombre. Kevin Spacey, chez Singer, radicalisait le cynisme et l’intellect froid, obsédé par le contrôle territorial. Jesse Eisenberg, dans BvS (2016), incarnait un archétype presque aliéné, proche d’un anti-paladin technocratique. Avec Nicholas Hoult, Gunn semble parier sur une version plus jeune, charmeuse, cérébrale, capable de jouer sur l’ambiguïté charismatique et l’opportunisme politique. Ce Luthor-là pourrait incarner l’entrepreneur moderne, mi‑visionnaire, mi‑prédateur, ce qui le distingue de la caricature camp d’Hackman et de la cruauté glaciale de Spacey.
Pour un public rôliste, on peut imaginer des « fiches de personnage » :
Clark Kent / Superman
– Traits : idéalisme, résilience, empathie
– Compétences : Vol, Force surhumaine, Diplomatie, Persuasion morale
– Défauts : naïveté, difficulté à mentir, doute existentiel
Archétype : Paladin solaire avec bonus de Charisme
Lex Luthor
– Traits : intelligence, ambition, égocentrisme
– Compétences : Bluff, Stratégie, Ressources financières, Ingénierie
– Défauts : paranoïa, arrogance, obsession destructrice
Archétype : Maître‑espion / anti-paladin manipulateur
Exemples de « builds » RPG utilisables à table :
- Superman : Guerrier/Paladin avec priorité aux jets de Charisme et Force, compétence spéciale « Inspirer l’espoir ».
- Lois Lane : Roublard/Investigatrice avec Perception élevée, jets d’Investigation et d’Intuition.
- Lex Luthor : Mage/Stratège spécialisé en Contrôle social, préférant les jets d’Intelligence et Bluff.
Ces lectures croisées donnent au casting de Gunn une saveur hybride : l’héritage des décennies passées mêlé à une modernité narrative où chaque personnage est pensé comme une carte vivante d’un jeu de rôle dramatique, prête à être jouée au‑delà de l’écran.
Thèmes politiques moraux et implications géopolitiques
Dans les différentes incarnations de Superman, la question de l’usage de la puissance et de son impact sur la politique mondiale reste centrale. Dans Man of Steel (2013), la confrontation avec Zod illustre le dilemme ultime : faut-il exposer la Terre à une guerre extraterrestre pour sauver l’humanité ? Snyder insiste sur la dimension quasi messianique de Clark, contraint d’assumer une forme de violence inévitable. À l’inverse, le Superman de James Gunn, tel qu’annoncé, risquera d’apparaître directement confronté à des enjeux d’ingérence humaine, comme l’épisode de Boravia, un pays fictif victime d’un conflit interne. Ici, c’est moins la menace cosmique que le spectre de l’interventionnisme qui domine : doit-il jouer au gendarme du monde, ou respecter la souveraineté des nations ?
L’opinion publique se forge largement grâce aux médias. Dans les films classiques avec Reeve, le Daily Planet tenait un rôle candide, valorisant Superman comme symbole clair de justice. Avec Lois Lane moderne (Adams, et bientôt Brosnahan), la nuance s’impose : journaliste critique, elle explore non seulement l’héroïsme, mais aussi les risques d’un pouvoir sans contrôle. Gunn semble vouloir accentuer cette tension médiatique, miroir des débats actuels sur les fake news et le rôle du quatrième pouvoir.
Pour alimenter la réflexion des fans, on peut penser Superman comme un personnage de jeu de rôle soumis à des « tests de moralité » :
- Arguments pour l’intervention : sauver des innocents, prévenir une escalade, démontrer la force morale du héros.
- Arguments contre : porter atteinte à la souveraineté, déclencher une dépendance à son aide, susciter méfiance et ressentiment international.
Superman de James Gunn établit les bases du DCU pour la décennie à venir
Dans le cadre du DCU Chapter One: Gods and Monsters, le Superman de James Gunn ne se contente pas d’inaugurer une nouvelle vision esthétique : il définit une matrice narrative sur laquelle viendront se greffer les films suivants. Sa place est donc stratégique, à la fois comme point d’ancrage émotionnel et comme balise de tonalité. Là où les versions de Donner ou Snyder traitaient Superman comme un héros isolé avant d’ouvrir sur les autres figures de l’univers, Gunn envisage déjà un monde habité par plusieurs héros, des tensions idéologiques et des ennemis aux visages variés. Cela ouvre les voies à des crossovers rapides, mais aussi à une continuité où l’Homme d’Acier n’est pas la fin en soi : il est la première pièce d’un échiquier narratif.
Bilan pour les kryptoniens : le Superman de James Gunn conjugue héritage et modernité, mêlant couleur, humour et dilemmes moraux contemporains. Pour le fan rôliste, c’est une mine d’or : archétypes à réutiliser, scénarios politiques et adversaires riches. En bref, respecte les mythes tout en offrant de nouveaux arcs narratifs pour emporter le DCU, là où Marvel est très frileux.