Entretien avec Romain Gaschet, créateur du jeu Fortifications & Clans

Romain Gaschet aka GeyseR a plus d’une corde à son pinceau. Illustrateur de jeux, dessinateur BD, il est maintenant l’heureux créateur de Forteresses & Clans, un jeu édité par Red Joker et dont la campagne Kickstarter est en cours jusqu’au 8 février 2017. Ho… et il habite en Vendée (mais on dit ça uniquement par chauvinisme). Romain Gaschet nous présente son parcours et la genèse de Forteresses & Clans dans un entretien au long cours…

Romain Gaschet débute avec l’illustration du jeu de rôles Oxïol avant de se lancer dans la BD avec Omnopolis aux éditions Bamboo. Il participe à la série 42 Agents Intergalactiques
aux éditions Soleil tout en travaillant comme illustrateur pour les jeux GOSU, King of Tokyo, Totem !, Guardians’ Chronicles… Sa dernière BD en date est le tome 2 de la série Androïdes (chez Soleil).

Si vous passez dans le coin, il est possible de découvrir son travail d’illustrateur exposé à l’agence BNP du quartier de Saint-André d’Ornay à la Roche-sur-Yon. Et sinon, en visitant sa page Artstation et sa galerie en ligne.

GeyseR, l’illustrateur et le dessinateur BD

Geek Powa: Romain Gaschet pour Forteresses & Clans, GeyseR pour l’illustration et la BD. Tu as plusieurs identités artistiques ?

Romain Gaschet: Haha, non juste GeyseR. C’est quand j’ai bossé pour Moonster games sur GOSU, le boss Manu Beltrando avait mis mon nom complet dans les crédits. Et depuis, ça reste. Mais dire que niveau dessin c’est GeyseR et niveau auteur de jeu Romain Gaschet, ça me va. Je me demande si on ne va pas créditer les deux sur Forteresse & Clans pour mettre encore plus de bazar ^^.

GP: Qu’est-ce qui t’as amené dans ce métier ? Quel est ton parcours ?

RG: A la base, c’est clairement le comics américain qui m’a poussé à devenir dessinateur de BD. C’est en découvrant le boulot de Michael Turner [ndlr: Witchblade, The Darkness, Fathom…] que j’ai décidé de faire ça. J’ai ainsi pu faire quelques albums français et des couleurs pour Marvel et DC. Le jeu de rôles était là en dilettante au début sur quelques illustrations ponctuelles. Pendant tout ce temps, les jeux de société étaient juste un loisir. Mais au bout d’un moment j’ai eu l’opportunité de bosser sur GOSU grâce à mon pote Bertrand Benoit (on a illustré GOSU à deux) et depuis je n’ai pas lâché le morceau. Jusqu’à à passer le cap de la création de mécanique de jeu.

GP: Pas d’écoles, tu es plutôt autodidacte ?

RG: Ah si j’ai fait l’école Pivaut à Nantes. Très bonne école, j’ai appris plein de trucs !

GP: La BD (comme tout métier créatif) est quand même réputée pour être très difficile d’accès, pour en vivre, pour se faire éditer… Qu’est-ce qui t’a permis de passer ce cap ?

RG: Financièrement je n’ai pas passé le cap, et j’ai plus survécu avec la BD que vraiment vécu. C’est la passion du dessin qui m’a empêché de décrocher. Actuellement le milieu de la BD s’est vraiment durci et malgré les albums à mon actif, je n’ai pas réussi à resigner de nouveau projet. Et pour ce qui a été de faire éditer mon premier projet, j’ai fait le parcours classique, monter un projet avec un pote scénariste et démarché les éditeurs. C’est Bamboo qui nous avait répondu en premier à l’époque.

GP: Tu n’as pas de rancœur ou de dégoût, justement, vis-à-vis du milieu de la BD ?

RG: Non, au contraire, j’espère juste pouvoir refaire des albums un jour ou l’autre. Par contre, c’est clair que depuis le rachat de Soleil, les éditions Delcourt n’ont pas fait d’efforts pour mettre mes albums en valeur, bien au contraire. Mais c’est le jeu mon pauv’Petit Jean, c’est un milieu professionnel comme un autre.

GP: As-tu malgré tout quelques projets dans tes cartons, pour la suite ?

RG: J’ai toujours plein de projet dans mes cartons… je n’ai d’ailleurs plus de place chez moi ! ou j’ai trop de cartons…

GP: Tu exposes actuellement, je crois ? Dans une banque ? Dans une banque Oo ?!!?

RG: Oui, j’expose dans ma petite agence BNP du quartier de Saint-André-d’Ornay à la Roche-sur-Yon. Mais c’est clair que c’est un bon plan pour se faire connaitre car il y a forcément du passage. Encore merci au directeur de cette agence qui m’aide sur ce coup là. Quand je suis venu en Vendée, j’ai contacté cette agence pour rapatrier mon dossier. J’ai eu un rendez-vous avec le directeur qui m’a forcément demandé mon métier. Il a l’habitude de faire des expos dans son agence et m’a donc dit qu’il aimerait me voir exposer.

“Vents des Globes”, diptyque visible à l’exposition.

La genèse de Forteresses & Clans

GP: Illustrateur, dessinateur BD, et puis tu lances ton propre jeu, Forteresses & Clans. Donc également un passionné de jeux… Quelle sont tes pratiques ludiques ?

RG: Je viens de la figurine donc c’est sûr que les jeux ameritrash, ça me parle beaucoup. Conan, Black Plague, Arcadia Quest, L’Hérésie d’Horus, Runewars sont des jeux de cœur pour moi. Andor me donne énormément de plaisir avec ma compagne (car on adore les coopératifs). J’ai d’ailleurs remplacé toutes les silhouettes carton du jeux par des figurines (celle-ci par exemple). Sinon j’aime bien les jeux de cartes divers et variés : GOSU, City, Bang!, etc. Et je peins des figurines… plein ! Le seul jeu de figurines que j’ai gardé est Epic Armageddon, un truc de niche !

GP: Et forcément, l’envie de créer son propre jeu finit par titiller tout joueur qui se respecte. Peux-tu nous présenter le principe de Forteresses & Clans en quelques mots ?

RG: Chaque joueurs incarne un châtelain bien protégé dans son donjon. Le but du jeu sera de capturer le donjon adverse par l’intermédiaire de troupes mercenaires, qui devront faire des brèches dans les murailles ennemies, attendries par les tirs de machines de guerre. Les ordres sont donnés par le biais de cartes clans qui consomment du temps. Le temps dans ce jeu sera le nerf de la guerre, car plus on fera un assaut dévastateur, plus cela sera gourmand en temps et plus l’adversaire aura à son tour du temps pour venir faire la fête dans ton donjon !

[ndlr: vidéo d’explication complète par Romain Gaschet himself disponible sur Tric Trac TV]

GP: Comment est né Forteresses & Clans ? L’idée d’une mécanique, d’un style de jeu, d’une ambiance ?

RG: L’idée de Forteresses & Clans m’est venue en faisant un petit schéma. Ça s’appelait Muraille à l’époque. Les idées principales étaient déjà là, mais bien sûr pour en faire un jeu qui tourne, il a fallu beaucoup de travail. En revoyant ce schéma, c’est assez dingue de voir que j’avais une idée assez précise de ce que je voulais en faire. Il y avait des pions d’ordre et les cartes clans ne devenaient disponibles qu’au fur et à mesure où les murailles se faisaient détruire. Mais oui, les principes de bases étaient assez clairs dans ma tête.

GP: Et les idées sont venues toutes seules, de manière naturelle ?

RG: En même temps, la base des mécanique de Forteresses & Clans ne sont pas ultra compliquées ni révolutionnaires. Par contre l’équilibrage demande un travail de titan. Comme le thème du château fort était très précis pour moi, les mécaniques en ont découlé naturellement.

GP: Entre le schéma de départ et la version finale que l’on peut voir sur Kickstarter, cela représente combien de temps, justement ?

RG: Un peu moins d’un an. Et pour ce qui des temps de test, d’équilibrage et de création, ce n’est pas calculable tellement c’est énorme. Mais dis-toi qu’il y actuellement plus de 75 illustrations de faites (plus ou moins finies), et qu’une illustration couleur me prend au moins deux jours (même si c’est très variable suivant le dessin). C’est un boulot monastique de faire un jeu quand tu es auteur et illustrateur, héhé ^^.

GP: En tout cas, un peu moins d’un an, c’est peu ! C’est tout de même un très gros avantages de cumuler les compétences d’illustrateur ET de créateur de jeu, pour le coup ! Pour le côté illustrateur, tu travailles comment ? Sur logiciel, en illustration directe ?

RG: C’est du full numérique. Bien plus rapide que le “tradi”. Je précise tout de même, Kickcstarter est là justement pour me permettre de continuer à bosser sur le jeu, il n’est pas fini en l’état. Donc il faudra encore quelques mois de développement…

GP: Comment s’est faite la rencontre avec Red Joker ?

RG: Je connaissais le patron de Red joker car je bossais avec lui sur Guardians’ Chronicles. J’ai fait quelques illustrations de super-héros. Quand il m’a proposé de lui faire un jeu pour sa gamme Versus, je n’ai pas trop hésité et j’ai créé plusieurs concepts dont celui-là.

GP: Le projet sur Kickstarter a été financé en une journée, je crois ? Et plus les contributions montent, plus de nouveaux paliers apparaissent. Ils sont préparés à l’avance ? Il en reste encore quelques-uns tenus en secret ?

RG: Exact, on a pas mal de matériel prêt pour d’éventuels paliers: des troupes supplémentaires, deux add-ons et un nouveau type de carte qui j’espère plaira aux joueurs avec un gameplay ajouté.

GP: Cela doit être délicat de prévoir suffisamment de matériel, alors qu’il reste un travail de finalisation pour le jeu en lui-même. Que reste-t-il à faire ?

RG: C’est pour cela que je n’ai fait que des crobards rapides pour les paliers. Ne sachant pas jusqu’où cela va aller, je ne peux me permettre de faire des illustrations qui ne seront jamais utilisées. De même pour le gameplay ajouté, je n’ai pas pu prendre énormément de temps pour les tester. Cela sera fait après la campagne. Pour le jeu de base, j’ai fait la totalité des illustrations. Il ne me reste plus qu’à réaliser quelques dessins de l’extension, ainsi qu’à finaliser le gameplay de celle-ci.

GP: Les mauvaises langues vont demander: combien de mois de retard, pour la livraison 😉 ?

RG: Les bonnes langues te diront aucun ^^.

GP: Une vente en boutique sera prévue ?

RG: Normalement oui, si le KS se passe bien.

GP: Et dernière question: satisfait de la tournure que prend le projet ?

RG: Le démarrage fut excellent et là ça a bien ralenti alors venez nombreux pour faire sauter le maximum de paliers !!!

Avant que vous n’alliez faire un tour sur Kickstarter pour soutenir le projet, voici quelques illustrations de Romain Gaschet qui finiront de vous convaincre:

Carte Clan “Matriarcat de la Mort Pourpre” (extension)

Carte Troupe “Protecteurs”

Avant.

Après.

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