Aide à l’écriture de scénario de JDR sur table : Structures narratives

Depuis plus de trente ans, je crée mes propres scénarios de jeu de rôle : certains ont fini dans mes cartons privés, d’autres ont été publiés. Avec le temps, j’ai remarqué que la structure narrative est souvent la clé pour embarquer les joueurs dans une aventure cohérente et plaisante à vivre. Dans cette aide à l’écriture de scénario de JDR, je vais tenter de partager ma façon de faire, forgée par des sessions épiques (et parfois un peu bancales, soyons honnêtes).

En tant que maître de jeu, j’ai pris l’habitude de préparer mes scénarios comme des histoires capables de s’adapter aux choix des joueurs. C’est en gardant ce principe en tête qu’on peut construire un récit souple, tout en sachant où l’on va : de l’intro jusqu’au point culminant.

Les fondements de l’aide à l’écriture de scénario de JDR sur table : Structures narratives

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Pourquoi s’embêter avec une structure  narrative ?

Quand j’ai commencé à faire des scénarios maison, je me contentais de griffonner des idées sur un carnet, en espérant que mes joueurs combleraient les trous. Dans certains cas, ça créait des moments de grâce improvisés ; dans d’autres, je voyais bien qu’il manquait un fil conducteur pour tout relier. Une structure narrative sert à donner un cadre à votre histoire, sans pour autant étouffer la liberté des joueurs.

Cela consiste, entre autres, à définir d’où part le récit (introduction), comment il avance (développement) et où il peut éventuellement aboutir (résolution). Avec une ossature claire, on garde un cap tout en restant ouvert aux détours inspirés par les joueurs.

 

Les trois énergies d’une partie : découverte, action, roleplay

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Au fil de mes parties, j’ai noté qu’une bonne session de JDR repose souvent sur trois composantes :

  1. La découverte : explorer un coin reculé, apprendre une rumeur intrigante, rencontrer un PNJ singulier.
  2. L’action : se lancer dans une confrontation, résoudre une énigme pressante, tenter un coup audacieux.
  3. Le roleplay : discuter, négocier, élaborer une stratégie, se chamailler au sein du groupe (oui, ça arrive).

Le truc, c’est de doser ces composantes pour conserver l’intérêt des joueurs. Vous pouvez démarrer la session par une petite scène de roleplay (un marchand qui leur explique la situation actuelle), enchaîner avec un voyage vers un donjon oublié (découverte), puis laisser place à une embuscade soudaine (action). L’important est de ne pas rester coincé dans un seul registre trop longtemps.

Premier grand pilier de l’écriture de scénario de JDR sur table : une structure en trois actes

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Acte I : l’introduction qui donne l’envie de jouer

Je tiens à insister sur l’acte d’ouverture. C’est souvent là que vous plantez le décor et que vous motivez les joueurs à embarquer. À titre perso, j’aime bien démarrer par une scène où l’on saisit rapidement l’enjeu : un village assiégé, une expédition qui se prépare, un appel à l’aide… Les joueurs comprennent vite leur rôle et peuvent s’immerger dans l’histoire.

Pour éviter l’effet “exposé didactique”, j’essaie de glisser les infos en pleine discussion. Au lieu de dire “voici la guerre qui ravage la contrée depuis dix ans”, je vais plutôt faire intervenir un PNJ blessé qui évoque l’ennemi tout en cherchant un remède. De cette façon, je donne un aperçu de la situation à travers l’émotion.

Acte II : le développement qui fait monter la pression

Une fois que la mise en place est posée, on entre dans le cœur du récit. C’est là que les joueurs vont enchaîner les découvertes, les interactions et les décisions. Dans mes scénarios, je prévois toujours deux ou trois moments charnières (rebondissements, révélations, choix déterminants) qui vont influencer la suite.

  • Exemple : Le contact local qu’ils devaient retrouver est porté disparu.
  • Ou encore : Une faction ennemie fait tout pour les recruter ou les éliminer.
  • Peut-être aussi : Une trahison se prépare au sein même du groupe.

Cette partie intermédiaire peut s’étaler sur plusieurs sessions si les joueurs décident d’explorer un maximum. C’est le moment de sortir vos PNJ bien travaillés, de révéler peu à peu les enjeux réels, ou d’introduire une quête secondaire qui enrichira l’univers. Pour ma part, je ne compte plus le nombre de fois où un simple PNJ “de passage” est devenu un allié majeur, parce que les joueurs s’y sont attachés ou l’ont trouvé drôle.

Acte III : la résolution qui clôture (ou relance) l’histoire

Arrivé à l’acte final, il est temps de rassembler les fils de l’intrigue. La résolution ne signifie pas forcément un happy end, mais plutôt un aboutissement logique (ou le début d’une nouvelle quête). Il peut s’agir d’un affrontement contre le grand antagoniste, d’une négociation compliquée ou de la découverte d’un artefact qui change la donne.

J’ai déjà vu des tables préférer une fin ouverte, où certaines questions restent en suspens. D’autres groupes aiment savoir qu’ils ont refermé un chapitre important. Dans tous les cas, clarifiez ce qui s’est passé, montrez les conséquences de leurs actes, et laissez la possibilité de reprendre l’aventure dans une campagne suivante.

Second grand pilier : intrigues secondaires et structure flexible

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Donner de la profondeur à l’univers

En plus de la trame principale, je trouve toujours essentiel de prévoir quelques intrigues secondaires. Ça peut être un conflit local, des tensions politiques, une créature dangereuse rôdant non loin, ou l’histoire personnelle d’un joueur (comme un parent disparu).

  • D’un côté, ça permet de varier les plaisirs et de souffler entre deux grands arcs.
  • De l’autre, ça enrichit l’univers et renforce la sensation de monde vivant.

Les joueurs adorent creuser ces intrigues annexes, car elles les aident à se sentir plus investis. Souvent, c’est dans ces petites quêtes qu’on crée les meilleurs souvenirs : un moment d’échange improbable avec un PNJ, la découverte d’un détail sur le passé de leur personnage, etc.

Rester ouvert à l’improvisation

J’insiste beaucoup sur la structure, mais je sais par expérience que les joueurs ne suivent pas toujours le chemin tracé. Au lieu de voir ça comme un problème, j’ai appris à l’intégrer à ma préparation. Je prévois des points de pivot (événements cruciaux) que je peux déplacer dans le temps ou l’espace si le groupe part dans une autre direction.

Exemple : Vous aviez imaginé que le groupe découvrirait un parchemin maudit dans une crypte. Si finalement, ils ne vont pas dans cette crypte, eh bien ce parchemin peut très bien arriver par un autre biais : un marchand ambulant le leur montre, ou un PNJ en parle à la taverne. De cette façon, votre intrigue continue d’exister sans forcer les joueurs dans un couloir.

La techniques des points de pivot pour ordonner les scènes et maintenir l’intérêt

Les points de pivot sont ces moments charnières qui changent l’orientation de l’histoire ou la perception des joueurs. Ils peuvent prendre la forme :

  • D’une rencontre clé avec un PNJ qui révèle une information cruciale.
  • D’un objectif réévalué à la suite d’une trahison ou d’un retournement de situation.
  • D’une quête imprévue qui vient bouleverser la progression.

Ces embranchement d’arc maintiennent la curiosité et réorientent l’intrigue. Ils doivent être bien identifiés lors de la préparation pour donner un sentiment de cohérence, même lorsque les joueurs optent pour des voies détournées.

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Ajuster l’intensité et l’ambiance de chaque séquence

Un scénario bien structuré ne se limite pas à enchaîner des événements de manière chronologique. Il veille également à alterner les ambiances : l’exploration d’un village endormi cède la place à une scène de négociation tendue, suivie éventuellement par l’exploration d’un lieu déserté et angoissant.

  • Scènes à tension élevée : Poursuites, combats ou révélations sensibles.
  • Scènes calmes : Moments de discussion, de repos ou d’exploration paisible.
  • Scènes intermédiaires : Événements où la tension monte peu à peu (indices de danger imminent, préparations d’une mission).

En variant l’intensité, vous rendez chaque scène plus marquante. Un passage à suspense a plus d’impact lorsqu’il est précédé d’un moment tranquille, tout comme une phase d’action sera appréciée si elle succède à une séquence plus contemplative.

Quelques outils pratiques pour structurer son scénario

  • Une ligne du temps : Notez l’ordre des événements prévus, en restant flexible pour intégrer l’improvisation.
  • Des fiches de PNJ clés : Classez-les selon leur rôle dans l’histoire (alliés, ennemis, informateurs).
  • Un plan des rebondissements : Repérez en amont les twists et répercutez-les sur les différents arcs narratifs.
  • Des balises d’ambiance : Attribuez des thèmes musicaux ou des descriptions atmosphériques pour différencier chaque scène.

 

Le mot de la fin...

Au-delà de cette fameuse structure en trois actes évoquée plus haut, il existe bien d’autres façons de donner forme à vos scénarios. Certains MJ préfèrent des récits non linéaires, d’autres optent pour un découpage en chapitres thématiques, ou encore des intrigues parallèles qui s’entremêlent jusqu’au final. Chaque méthode a ses avantages, et le plus important reste de trouver ce qui correspond à votre table et à votre style de narration. Mais tout cela… c’est une autre histoire.

© 2025 – Rédigé et illustré par Fletch, Spécialiste en curiosité numérique.

 
 
 

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